Peut-on éduquer un enfant chez nous maintenant sans le fouet ?

NTONG-LA'AN   |   jeu. 22 févr. 2024 à 03:38   |   lun. 26 févr. 2024 à 23:01   |   Aucun commentaire Ecrire un commentaire   |   1 vote utile

 

Le fouet ! L’« outil » que beaucoup d’entre-nous, parents d’un certain âge, prônons pour « remettre sur le droit chemin » ou pour imposer nos visions à nos chers enfants. Pour certains parmi nous qui, ayant grandi avec le fouet et qui en sommes contre maintenant, il nous arrive par moments de nous poser cette question : peut-on éduquer un enfant chez nous maintenant sans le fouet ?

Avant de chercher à prendre une ou l’autre position, entendons-nous d’abord sur la définition d’éduquer. Selon le Larousse, éduquer veut dire former quelqu’un en développant et en épanouissant sa personnalité. Le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) définit « éduquer » comme donner à quelqu’un, spécialement à un enfant ou à un adolescent, tous les soins nécessaires à la formation et à l’épanouissement de sa personnalité.

Des deux définitions précédentes, il y a un terme commun à toutes qui attire mon attention : « épanouissement ». Je vais encore consulter le Larousse. Ce dernier nous donne les définitions suivantes du verbe épanouir : donner à quelqu’un la plénitude de ses facultés, le rendre heureux, comblé. Donner à quelqu’un, à son corps une certaine plénitude. Faire ouvrir une fleur en déployant ses pétales.

A la suite de ces définitions du verbe épanouir, je ne peux m’empêcher de me poser cette question : mon enfant peut-il être épanoui si j’use du fouet pour son éducation ?

Certains parents sont conscients de leur rôle mais il y a des réalités, disent-ils, qui les empêchent de l’assumer pleinement. D’autres, un peu ignorants, résument leur rôle à peu près en ces termes : « abriter, nourrir, soigner, envoyer à l’école ». Tous deux ont souvent en commun le fouet que « certaines réalités » et l’ignorance les conduisent à utiliser quand les enfants « se comportent mal ».

 Beaucoup d’arguments sont souvent mis en avant face à l’abandon des enfants à eux-mêmes :

• La vie est dure au pays : on a de la peine à joindre les deux bouts. Chômage, sous-emploi…
• Les parents sont presque toujours « dehors » à la recherche des moyens de subsistance. Ils rentrent très épuisés à la maison et n’ont pas toujours assez de temps pour bien s’occuper de leurs enfants.

Et pourtant, quel que soit les cas, les parents ont l’obligation d’avoir du temps pour leurs enfants ! N’allez surtout pas chercher d’excuses.

On serait amené à comprendre sans pour autant légitimer l’usage du fouet par certains parents pour « régler rapidement » le cas d’un enfant « têtu » à la maison. Mais, est-ce que le problème de la "têtutesse" est-il résolu ?

J’aimerai bien comprendre ce que chaque parent met dans « éduquer un enfant ». A l’évidence, tous n’y mettent pas toujours les mêmes éléments. Mais dans le fond, je me dis, chaque parent (homme et femme) donne ce qu’il a. Celui/celle qui a reçu, ou mieux qui a été victime de la violence et qui la garde encore en lui/elle, la transmet à son tour à sa progéniture. Je suis convaincu que nos enfants sont toujours à notre image.

Quand un parent arrive à l’usage du fouet pour « redresser » son enfant, n’a-t-il pas lui-même fauté quelque part ? Les parents accordent-ils l’amour et le temps nécessaire à leurs enfants ?

J’entends régulièrement les parents se plaindre : « les enfants de maintenant sont très têtus ! » Je ne sais pas s’il y a déjà eu une époque où l’éducation des enfants a été un long fleuve tranquille. Si vous en connaissez une, merci de m’informer en commentaire :).

Si on revient à nos définitions d’éduquer, on peut retenir quelques « mots forts » : former, développer, épanouir, soins nécessaires à la formation et à l’épanouissement de la personnalité, plénitude des facultés, rendre heureux.

Dans le cursus d’éducation de l’enfant, quel programme de formation les parents mettent-ils en place ? Répètent-ils consciemment ou inconsciemment ce qu’ils ont reçu sans chercher à améliorer ce qu’il y aurait à améliorer ?

Les époques changent. Mais cela ne veut pour autant pas dire que tous les changements sont bons pour l’être humain.

En tant que parent, je pense que tous les enfants sont loin d’être identiques. Je n’ai pas la prétention de donner des leçons ou de détenir la connaissance absolue sur le sujet de l’éducation des enfants. Je fais part simplement de mes observations. L’éducation des enfants est loin d’être quelque chose de facile. Ce qui marche pour l’un ne va pas forcément marcher pour l’autre. Comment savoir ce qui doit marcher pour l’un ou pour l’autre ? Les parents doivent apprendre à mettre la raison en avant. Ce n’est pas toujours évident, mais il le faut !

Le sens de l’observation est l’un des éléments fondamentaux à mettre en valeur. Personnellement, je préfère considérer les parents comme des guides. Pour guider, il faut apprendre à connaître fondamentalement la personne que l’on veut guider. Il faut observer, détecter les qualités et défauts.

Peut-on bien guider une personne que l’on ne connaît pas ? A vous de me le dire. Mais j’en doute fort que oui !

Les enfants sont de fins observateurs. Certains parents, aveuglés par « l’amour » qu’ils prétendent avoir pour leur progéniture, se font parfois bien manipuler. Il arrive souvent que l’enfant, ayant remarqué que son parent n’aimait pas tel comportement, s’arrange à ne pas l’afficher devant celui-ci. Mais dès que le parent a le dos tourné, l'enfant se livre allègrement à ce que son parent n’apprécie pas.

L’éducation des enfants commence dès la naissance. Certains vous diront que c’est même avant. Je ne vais pas m’aventurer sur ce chemin-là. Car je ne saurai expliquer des choses que j’ai du mal à comprendre.

 

Le fouet peut-il favoriser l’épanouissement de l’enfant ?

Avant de donner ma position sur la question, je commencerai d’abord par chercher les signes qui montrent qu’un enfant est épanoui. Quels sont donc ces signes d’un enfant épanoui ?

Par son comportement, sa manière d’être et d’agir, on peut remarquer les signes qui montrent qu’un enfant est épanoui. Les enfants épanouis sont souriants. Ils rient souvent beaucoup et de manière spontanée. Ils mangent bien. Ils sont curieux, cherchent à comprendre le monde qui les entoure en posant des questions. Confiants en eux, ils osent aller vers les autres. Les enfants épanouis ont un sommeil paisible et calme. Ils sont heureux d’aller à l’école, apprendre, rencontrer les camarades (aussi épanouis…). Les enfants épanouis n’abandonnent pas facilement. Ils sont persévérants. La passion est aussi une autre caractéristique des enfants épanouis. D’autres signes comme le désir d’autonomie, le goût de l’expérience peuvent également être évoqués.

Les caractéristiques ci-dessus peuvent-elles être suscitées à l’enfant par le fouet ?

Je ne sais quel être humain normal oserait venir me soutenir ici que le fouet a déjà rendu une personne épanouie. Mais, qui sait ? Peut-être qu’un être humain « normal » se signalera en commentaires !

 

Peut-on éduquer son enfant maintenant chez nous sans le fouet ?

Oui ! Sans ambages ni fioritures, je dis oui ! Tous les enfants, même ceux dont on se plaint et qui font parfois la une des actualités sont éduqués. Est-ce qu'ils sont BIEN éduqués ? C'est certainement la question qu'on devrait se poser.

 

Peut-on BIEN éduquer son enfant maintenant chez nous sans le fouet ?

Le mot BIEN dans cette question vient la rendre complexe. A l’observation, presque tous les parents sont convaincus de « bien éduquer » leurs enfants. Même ceux qui soutiennent bec et ongle leurs progénitures dans les actes répréhensibles sont sûrs de « bien » agir ! Qu’est-ce qui est « bien » ? Certainement, il y aurait « bien » et « bien ». Je ne vais pas me lancer dans des débats philosophiques, car je n’y connais pas grand-chose. Parlant de l’éducation, je dirai que, est « bien », ce qui est juste, conforme à la raison, à la morale.

Dans ce sens, je reprends la question ci-dessus par est-ce que sans user du fouet, je peux inculquer à mon enfant des valeurs qui lui permettent de répondre aux attentes d’une vie harmonieuse en communauté ?

Je dirai tout de go OUI, si j’ai de la patience et le savoir nécessaires pour bien guider son enfant. Humm, PATIENCE ! Humm, SAVOIR !

Et si un parent n’a pas ces éléments qui constitueraient une base solide pour cette lourde mission de parent, ne serait-ce pas logique qu’il prenne le « raccourci » du fouet ?

Comme je l’ai souvent écrit ailleurs, nous donnons ce que nous avons. Si nous sommes doux, nous enseignons la douceur à nos enfants. Quand nous éduquons nos enfants, nous leur transmettons ce que nous avons, ce que nous estimons être juste. Pour certains d’entre-nous, le fouet n’est pas juste. Pour d’autres, il l’est.

Dans des environnements de frustrations de toutes sortes, les parents eux-mêmes sont-ils épanouis ? Un parent épanoui peut-il fouetter son enfant ? Les parents et leurs enfants ne sont-ils pas à l’image de la société dans laquelle ils évoluent ?