Bousculade et vandalisme au lycée bilingue d’Etoug-Ebé : l’opinion d’un observateur
NTONG-LA'AN | mar. 23 janv. 2024 à 19:46 | sam. 2 mars 2024 à 22:49 | Aucun commentaire Ecrire un commentaire | 0 votes utiles
Lundi 22 janvier 2024 au lycée bilingue d’Etoug-Ebé, une bousculade a été créée par des élèves retardataires suivie des actes de vandalisme. Comme d’habitude dans les réseaux sociaux et dans certains médias locaux, c’est un peu allé dans tous les sens. Que s’est-il passé ? Y a-t-il eu des morts ? A qui la faute ? Que retenir de ces faits ?
Hier en empruntant un taxi dans la ville de Yaoundé, j’ai été accueilli par cette nouvelle qui était annoncée avec un air très pessimiste, par un journaliste d’une chaine de radio de la capitale du Cameroun. « C’est très grave ! Les images qui sont entrain de nous parvenir sont très terrifiantes ! Au lycée d’Etoug-Ebe, il y a eu une bousculade… On parle d’une vingtaine de blessés et de certains morts ! Il y a des morts ! Si vous avez un élève au lycée d’Etoug-Ebe, rendez-vous vite là-bas ! C’est très grave… » s’exprimait à peu près le présentateur avec émotion.
Plus tard, j’ai essayé de me renseigner et de recouper les informations. Dans les réseaux sociaux, certaines personnes donnaient au conditionnel des bilans tandis que d’autres confirmaient sans preuves. A travers les chaines de télévision, certaines vidéos que j’ai vues m’ont un peu choquées. La police anti-émeute qui recevait des jets de pierre, des voitures fortement endommagés et irrécupérables… Des images d’une violence inqualifiable qu’on ne devrait se permettre de laisser prospérer.
De l’analyse de toutes les informations reçues, je retiens que :
- Lundi 22 janvier 2024 au lycée bilingue d’Etoug-Ebe, à l’issue de la cérémonie de levée des couleurs, des élèves retardataires qui étaient ce matin-là encore plus nombreux, ont été invités à former 2 rangs (un pou les filles et un autre pour les garçons) pour entrer dans l’enceinte de l’établissement.
- Pendant que les élèves retardataires commençaient à entrer, une bousculade s’est déclenchée. Certains élèves sont tombés et se faisaient marcher dessus par d’autres. Dans la foule d’élèves retardataires, il y avait des jeunes qui ne portaient pas la tenue de l’établissement.
- Un certain nombre de jeunes en civil et des élèves en tenue du lycée d’Etoug-Ebe ont initiés des actes de violence. Le personnel du lycée d’Etoug-Ebe présent est allé se mettre en sécurité. Les jeunes en furie, ont saccagé, vandalisé, le mobilier des salles de classe, des véhicules appartenant au personnel administratif du lycée.
- Les autorités administratives alertées sont descendues sur les lieux avec les éléments de force de l’ordre. La situation est revenue peu à peu au calme. Les blessés ont été pris en charge.
- Contrairement à ce que certaines personnes et médias ont reporté, il n’y a eu aucun mort.
Après de tels événements, il est naturel de se poser des questions et chercher à prévoir pour que de telles situations ne se reproduisent plus. Ainsi, il est tout à fait logique de se demander : « A qui la faute ? »
A qui la faute ?
Les responsabilités sont à divers niveaux et peuvent même avoir des sources lointaines avec pour base l’absence de certaines vertus et valeurs à la base. Les élèves, les parents et les responsables d’établissements scolaires ont chacun une responsabilité à mon avis. Et je vais vous donner mes arguments pour soutenir cette position.
Les élèves
Il est très commun dans nos villes de rencontrer hors des enceintes des établissements scolaires, des élèves en tenue (soi-disant allant à l’école, sans se presser) à des heures de la matinée (après 7h 30) où ils/elles devraient être déjà en classe. Au vu du nombre important d’élèves qui arrivent en retard à l’école, je me suis souvent interrogé sur cet état des choses. Pourquoi les élèves arrivent-ils aussi nombreux en retard à l’école ? Il n’est point besoin d’être un devin pour avoir une petite idée sur ce qui se passe dans les foyers d’où sortent ces élèves retardataires. Leurs parents ont laissé s’installer un laisser-aller qui ne saurait trouver un seul mot pour qualifier son état.
Généralement malpoli(e)s avec un langage décousu que ces élèves sont les seul(e)s à comprendre, ils croient tout connaître, tout comprendre et tout savoir. En réalité, ils confondent tout ! N’ayant reçu aucune base solide en termes de vertus et valeurs, ils prônent les contre-valeurs. Leurs parents ayant démissionné de leurs obligations, ces jeunes s’auto-éduquent. Spécialistes de la superficialité, ils s’abreuvent dans les poubelles des réseaux sociaux auprès de soi-disant modèles. La télévision est aussi un de leur passe-temps favori. Ce n’est pas pour voir des documentaires instructifs ou pour suivre l’actualité ou des sujets de réflexion et débats. Que non ! Ils s’inspirent à travers des musiques et des spectacles obscènes dont ils s’abreuvent à longueur de journée. Les émissions qui vantent les contre-valeurs et les comportements inappropriés sont leur oxygène. Leurs systèmes nerveux ont déjà subi des dégâts considérables à cause de la consommation des drogues et autres substances dangereuses pour la santé de l’être humain. C’est doté d’un cocktail explosif d’ignorance et de stupidité que ces jeunes gens peuvent penser que tout leur est permis. Il leur est permis d’être désobéissants et désobligeants envers leurs parents et leurs enseignants. Il leur est permis d’arriver à retard à l’école. Il leur est permis de bafouer les règlements intérieurs des établissements scolaires. Il leur est permis de bafouer les lois de la société dans laquelle ils/elles évoluent.
Ces événements malheureux sont pour moi, l’occasion pour les autorités scolaires et administratives de montrer à cette catégorie d’élèves qu’il n’y a aucun acte qu’on puisse poser sans en assumer les conséquences. Il faudra être d’une rigueur extrême pour envoyer un message clair et sans équivoque.
Un élève ne peut arriver en retard sans être soumis à ce que prévoit le règlement intérieur de son établissement scolaire. Un(e) jeune ne doit poser des actes de violence et de vandalisme sans faire face à la rigueur et à la dureté de la loi.
Si tous les élèves étaient à l’heure, y aurait-il eu bousculade au lycée bilingue d’Etoug-Ebé ?
Et les parents alors !
Les parents sont tout aussi condamnables que leurs enfants. Pour moi, nos enfants sont généralement à notre image. J’ai déjà entendu certains parents dire : « j’ai déjà tout fait ! L’enfant-là ne veut pas changer ! Au contraire, c’est comme si je l’encourageais même plus ! ».
« J’ai déjà tout fait ! » Cher/chère parent, que mettez-vous dans « tout fait ». « J’ai déjà tout fait ! » est d’un non-sens que je ne saurai qualifier. Si votre enfant est plus têtu(e) pendant que vous estimez avoir « déjà tout fait », c’est que vous n’avez encore rien fait de bon ! L’excuse est facile quand on veut se dérober devant ses responsabilités. Il faut assumer !
Certains parents cherchent à se dédouaner et rejeter la faute entièrement sur leurs enfants. Non ! Arrêtez chers parents ! Vous êtes tout aussi responsables de la déchéance de vos enfants que ces derniers.
Il y a des parents qui aiment bien se bomber le torse en réclamant la paternité ou la maternité d’un(e) enfant quand celui-ci/celle-ci s’illustre positivement dans la société. Que ces parents assument aussi leurs responsabilités quand l’enfant a posé de mauvais actes. Ce n’est pas seulement quand c’est bien que ce sont vos enfants !
Au vu des comportements qu’on remarque au quotidien, on peut dire sans se tromper que beaucoup de parents ont failli dans leurs missions de guide et d’éducateurs. On ne va toujours pas se mettre dans des positions de conflits générationnels et prétendre que : « à notre époque, les enfants étaient bien éduqués… » Soit ! Vous avez été bien éduqués ! Et maintenant comment éduquez-vous vous-mêmes vos enfants ? Par vos façons d’être et d’agir, quel exemple vous leur montrez ? Est-ce la télé, les réseaux sociaux, les stars ou les voisins qui les éduquent à votre place ? Soyons un tant soit peu sérieux ! Quand c’est bon, ce sont les parents qui récoltent les lauriers. Quand c’est mauvais, on dit que « les enfants de maintenant sont mal éduqués » !
J’ai souvent entendu certains parents brandir le prétexte « on nous interdit de fouetter maintenant nos enfants » ! Qui vous a interdit de fouetter votre enfant à la maison ? A ma connaissance, l’interdiction des sévices corporels sur les enfants est à l’école… sur le papier ! La réalité est toute autre ! Je ne connais aucune loi au Cameroun qui interdise au parent de « corriger » son enfant. Entre-nous, nous nous comprenons dans le mot « corriger » ! Il est vrai que personnellement, je suis contre les châtiments et sévices corporels sur les enfants. Pour moi, le parent est un guide. Un bon parent doit chercher à connaître son enfant pour mieux le guider. Il n’est pas un bourreau-tortionnaire-dictateur qui doit imposer par tous les moyens brutaux (violence physique et verbale), sa vision du monde à son enfant. Votre enfant n’est pas obligé d’être une réplique de vous. Beaucoup de parents ont été éduqués par le fouet. Et la chicotte fait partie de leur identité. Il est difficile pour beaucoup de s’en défaire. Les changements n’étant pas la chose la plus partagée pour beaucoup d’entre-nous. Ce n’est pas parce que vous avez été fouetté dans votre enfance que vous devez aussi fouetter vos enfants.
Certains parents ont décidé d’abandonner leurs responsabilités aux enseignants. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas l’enseignant qui éduque l’enfant. Il instruit et participe à un certain niveau à l’éducation de ce dernier/cette dernière. Le plus gros travail est entre les mains des parents. Ressaisissez-vous, chers parents !
Pourquoi indexer aussi les responsables d’établissements scolaires ?
A mon avis, les responsables d’établissements scolaires ont aussi une part de responsabilité dans les cas comme celui du lycée bilingue d’Etoug-Ebé. Malgré que je considère celle-ci ici comme minime comparé à celle des élèves et de leurs parents.
Selon ce que j’ai déjà remarqué, beaucoup d’établissements à travers le triangle national connaissent ce fléau des élèves retardataires. Et c’est plus accentué dans les établissements publics que privés. Je peux me tromper, mais c’est mon observation. Comment s’y prennent les chefs d’établissements du public ? Et ceux du privé ? Y aurait-il plus de rigueur dans le privé que dans le public ? Je ne saurais répondre à ces interrogations maintenant. Cependant, ça m’intéresserait de connaître vos avis.
Diriger, c’est aussi prévoir. Et quand on des prévisions objectives, on peut éviter la survenue de certains problèmes.
Pour la sécurité des infrastructures et des personnes (élèves, personnel enseignant et administratif), beaucoup d’établissements publics et privés en zones urbaines sont entourées par une clôture en matériaux durables. On retrouve parfois y associés, les dispositifs de surveillance fonctionnels. Malgré que dans certaines zones, les élèves délinquants usent de stratagèmes pour endommager les parpaings constituant ces clôtures en y créant des trous béants qui leur permettent d’escalader et de se retrouver dans ou hors de l’établissement selon leurs besoins du moment.
Quand le premier élément de sécurité qu’est la barrière existe, que font les responsables d’établissements pour garder intact son intégrité ?
Comment se fait la gestion des élèves retardataires ? Restent-ils dehors jusqu’à une certaine heure ou entrent-ils dans l’enceinte de l’établissement pour y subir des punitions appropriées (propreté des lieux, travail manuel, ramassage d’ordure, etc.) ? Les parents des élèves retardataires sont-ils convoqués dans les établissements après le constat de récidives de retards de leurs enfants ?
Quelles politiques de gestion des différents manquements aux règlements intérieurs des établissements scolaires par les élèves ou leurs parents sont mises en œuvre ?
Que retenir de ces faits ?
La survenue de la bousculade au lycée bilingue d’Etoug-Ebé à Yaoundé et les actes de vandalisme qui s’en sont suivis interpellent à plus d’un point tous les acteurs du système éducatif. Que ce soit les élèves, les parents d’élèves, les responsables d’établissements ainsi que les décideurs politiques, chacun devrait apporter sa participation pour un meilleur fonctionnement afin que pareille situation ne se reproduise plus.
Un enseignant qui use de la violence pour inculquer le savoir à l’élève n’est-il pas un enseignant « faible » ?
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